Londres, 2 novembre 1889
A ma famille.
Merci.
Merci pour tout ce que vous avez fait. Notamment ne pas me laisser seul durant mes derniers jours avec comme seule distraction le bruit des gouttes de pluies s’écrasant contre les vitres. D’ailleurs, il faudra penser à réparer la fenêtre qui se trouve à ma droite, il me semblait qu’il y avait un courant d’air.
Si je prends la peine d’écrire cette lettre, de trouver encore la force de prendre la plume et l’encre, ce n’est pas pour rien. Prenez garde. A vous. Mais aussi, et surtout à votre âme. Ne laissez personne se l’approprier. Je ne sais pas très bien ce qui se trame dans la ville, mais ce n’est pas normal. Vous trouverez certainement tout cela ridicule, mais je vous assure que quelque chose de
surhumain nous côtoie. Une entité ? Plusieurs personnes ? Je ne sais pas. Je peux juste vous affirmez que cela en a après notre âme.
J’ai fait des recherches, en espérant éclairer tout cela. Elles ne furent pas fructueuses, je vous l’annonce tout de suite. Dans tous les livres quelques peu intéressants, on ne parle que de Démons voulant se repaître avec nos âmes, d’Anges voulant les purifier, ou encore de Faucheurs venant les récolter. Des légendes si vous voulez mon avis. Mais en y réfléchissant un peu, pourquoi ne seraient-elles pas vraies ? Il faudrait penser à ouvrir les yeux. Fou. C’est sans doute l’opinion que vous avez de moi maintenant. Et cela me désole. Puisse quelqu’un me croire.
Quoiqu’il en soit, je ne puis rien faire d’autre que vous prévenir. Je vous souhaite le meilleur du monde. Quant à moi, je ne sais pas ce qu’il m’attend. Mais une chose est certaine. Cela peut être n’importe quoi, n’importe qui, je ne céderai pas mon âme. Je pense avoir trouvé le moyen de la garder intacte.
Bien à vous,
P.S. : J’ai essayé de départager équitablement mes maigres bien à vous tous, vous trouverez la feuille sur le meuble ancien près de la porte.